L’hivernage au rucher Sainte-Marie
Une grappe pour se réchauffer
Pour faire face au froid et au manque de nourriture de l’hiver, les abeilles n’hibernent pas comme la plupart des animaux. Lorsque les températures commencent à baisser, elle s’organisent pour se protéger du froid en formant une grappe autour de la reine. Ainsi, elles produisent de la chaleur permettant la survie de la colonie.
L’abeille modifie son comportement pour assurer sa survie. L’abeille est un insecte à sang froid et sa température est variable. Elle ajuste toujours la température de son thorax à 20°C au-dessus de celle ambiante. Si la température ambiante s’élève, celle du corps de l’abeille grimpe dans la même proportion. Cependant, l’insecte ne peut réagir ainsi pour toute température ambiante. En effet, si cette dernière dépasse 40°C, celle de son corps restera au-dessous de façon à vaincre cet excès de chaleur. La température de son corps n’excède que rarement 38°C et une mort très rapide survient si celle du milieu atteint 50°C.
Quand la température ambiante s’abaisse au-dessous de 10°C, celle du thorax restera alors beaucoup plus élevée de façon à survivre à cette variation. A 8°C, l’abeille tombe dans le coma, et à 6°C, elle ne peut survivre plus d’une demi-heure.
L’abeille isolée a donc peu de chance de survivre à nos hivers. La formation de la grappe est le moyen de défense d’une colonie grâce à un microclimat intérieur adéquat. Entre 19°C à 14°C, les abeilles forment de petits groupes de 20 à 100 abeilles. De 14°C à 10°C, les petits groupes se réunissent autour du groupe de la reine pour former la grappe.
Les abeilles pénètrent à l’intérieur des cellules vides et remplissent les espaces entre les rayons pour réduire les déperditions de chaleur. Les abeilles formant la couche externe ont la tête dirigée vers le centre et relèvent leurs ailes à un angle de 45° environ. Celles qui se trouvent au centre produisent de la chaleur en contractant frénétiquement leurs muscles de vol sans bouger leurs ailes pour ne pas créer de ventilation froide.
La chaleur provient surtout de la digestion du sucre par les abeilles. Donc, quand l’abeille consomme du sucre, elle a besoin d’une certaine quantité d’oxygène pour le métaboliser, ce qui entraîne une production d’eau (vapeur), de gaz carbonique, et surtout de chaleur. Du miel ou du sirop de sucre à 17% de teneur en eau a un pouvoir calorifique de 3040 Kcal/kg. Le besoin annuel moyen pour la durée d’hivernage est d’environ 10 kg/ruche, ce qui représente environ 8 watts de production de chaleur sensible.
Les abeilles peuvent mourrir de faim plus que de froid
La formation de la grappe est la réponse des abeilles au froid hivernal. Plus les températures diminuent, plus la grappe se contracte pour diminuer les déperditions de chaleur. Lorsque la température remonte, elle se décontracte logiquement.
Lors des hivers les plus rudes, la grappe se contracte tellement qu’il arrive qu’elle perde le contact avec le stock de provisions. A ce moment-là, les abeilles risquent un engourdissement qui pourrait leur être fatal.
Cependant, un hiver doux n’est pas une bonne nouvelle pour les abeilles. L’apparition du soleil et la remontée des températures peuvent pousser les butineuses à aller se balader. Comme elles ne trouveront rien à butiner, elles se fatigueront donc pour rien et devront rentrer dans la ruche pour manger. Le stock d’hibernation pourra diminuer très rapidement, ce qui représente un risque majeur si l’hiver perdure. Elles peuvent aussi commencer trop tôt le couvain, qui, très dur à chauffer entrainera une surconsommation de nouriture et donc la mort de beaucoup voir toutes les abeilles de la ruche.
Cette vidéo est très intéressante pour expliquer le comportement de l’abeille durant la période hivernale.
Que fait l’apiculteur pendant la saison hivernale ?
L’apiculteur joue un rôle prépondérant dans la survie hivernale des abeilles. Lors de sa dernière récolte, il doit veiller à laisser suffisemment de nourriture pour permettre à l’essaim de se nourrir pendant les période de froid. Sinon, il devra apporter un complément alimentaire en sucre pour qu’elles arrivent à vaincre le froid.
Il faudra également vérifier l’état de la ruche, surtout son système d’aération, pour éviter une humidité excessive et la présence de courants d’air.
sources : Jocelyn Marceau – Ingénieur Agronome, Apiculture.net, chaine youtube de Api25